Watchman Nee est considéré comme l'un des leaders et penseurs de la chrétienté le plus important de l'histoire du christianisme chinois. Il y a peu de leaders dans l'histoire du christianisme chinois dont l'influence est aussi répandue que la sienne.
Ni Tuocheng, dit Watchman Nee, né le 4novembre1903 à Shantou (汕頭 ; pinyin : Shàntóu), dans la province de Guangdong, et décédé le 30 mai1972 en Chine dans le Anwhei (Anhui), est un évangéliste et écrivain chrétien méthodiste chinois.
Poussé par une ardeur passionnée pour l’œuvre à laquelle le Seigneur l’a appelé, Nee parcours toute la Chine, durant les 30 ans que dura son ministère, pour annoncer l’évangile, fondant un peu partout des églises locales indépendantes connues en occident sous le nom de « Petit Troupeau ».
L’homme de Dieu est également à l’origine d’une abondante littérature destinée à l’évangélisation, à l’édification des chrétiens et la formation des pasteurs. On dénombre à son crédit pas moins de 40 volumes d'œuvres dévotionnelles, sermoniques et théologiques. Ses écrits ont par ailleurs été traduits dans de nombreuses langues orientales telles que le japonais, le coréen, l'indonésien, le tagalog ainsi que dans des langues occidentales, telles que l'anglais, le français et l'espagnol.
Aujourd’hui, ses livres continuent d’être édités et d'influencer de nombreux groupes chrétiens allant des groupes de renouveau charismatique aux églises principales du monde entier.
Le mouvement qu’il fonda, le "Petit Troupeau", fut la plus grande dénomination chrétienne protestante en Chine à l'époque du régime communiste en 1949. Lancé en 1923 avec seulement une vingtaine de membres à son actif, il fallu moins de 20 ans pour que le mouvement regroupe désormais 700 congrégations avec 70 000 membres.
Indépendamment des chiffres, ce mouvement chrétien s'est avéré être une grande réussite. Même sous l'oppression et la persécution communiste dans les années 50 et 60, le "Petit Troupeau" a continué de croître. Aujourd'hui, le mouvement est toujours actif dans toute la Chine.
LA BIOGRAPHIE
Watchman Nee est né dans une famille de tradition chrétienne. Son grand-père, U Cheng Nee, fut l'un des premiers pasteurs chinois à être ordonné à la mission de congrégation dans la province de Fukien en Chine. Nee était le troisième enfant sur un total de neuf, mais fut le premier enfant mâle. Puisque la tradition chinoise favorise les fils, les parents méprisaient les familles sans enfants de sexe masculin. Lorsque la mère de Nee attendait son troisième enfant, elle pria Dieu avec ferveur pour lui demander un fils et dédia ce troisième enfant à Dieu à l’exemple de Anne dans 1 Samuel 1:1-20.
Dieu entendit sa prière. Le 4 novembre 1903, Nee Shu-Tsu (plus tard connu sous le nom de Watchman Nee) naquît.
Nous voyons à travers les circonstances de sa venue sur au monde que Watchman Nee avait été prédestiné par Dieu pour une vie hors du commun, à Son service.
« Avant que je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations » (Jer.1:15).
Plus tard, Nee a changé son nom en « Duo Sheng » (« Watchman » en anglais) signifiant « le son du gong », que l’on peut traduire par « gardien pour élever le peuple de Dieu pour le service ».
ENFANCE ET ÉDUCATION
La réussite de la famille Nee dans le commerce international lui permit d’engager un instituteur privé pour éduquer les enfants. Watchman Nee suivit ainsi des cours de calligraphie et de littérature chinoise. Il reçut également une initiation aux grands principes moraux, base de la culture morale chinoise depuis plus de deux millénaires, ainsi qu’à la musique chinoise, tandis que sa mère lui apprenait les chants chrétiens.
Tout au long de sa scolarité, Nee démontre une intelligence exceptionnelle. Étant souvent premier de sa classe, tous ses anciens collègues témoigneront plus tard de ses dons hors du commun.
À l’âge de treize ans, Watchman Nee entra au collège anglican de Nan-tai puis, son cursus achevé, il passa au lycée de Saint-Mark ; ces deux établissements faisaient partie d’un vaste complexe anglican installé dans le faubourg de Nan-tai, le Trinity Collège, qui était dirigé par des missionnaires du Trinity Collège de Dublin.
CONVERSION
L’histoire de la conversion de Watchman Nee est tout aussi bouleversante que passionnante. Elle intervint, alors que la famille Nee s’était peu à peu éloignée de la foi au profit d’activités mondaines (politique, jeu) pendant de longues années. C’est d’abord sa mère qui fut touchée suite à la prédication de Dora Yu, une ancienne camarade d’université qui avait renoncé à une carrière prometteuse en médecine et qui, entre-temps, était devenue une évangéliste célèbre en Chine.
Refusant dans un premier temps l’invitation de sa mère d’assister à une des réunions de Dora Yu, le jeune Nee finit par s’y résoudre un jour où sa mère, convaincue par le Saint-Esprit, lui demanda pardon de l‘avoir injustement puni pour un vase cassé quelques jours plus tôt. Il faut savoir qu’en Chine, il était impensable pour un parent de s’excuser auprès de son enfant et donc de perdre ainsi la face devant lui, même en cas de faute avérée de la part du parent.
Boulversé par la confession de sa mère, le jeune Nee se dit alors que les paroles de Dora Yu étaient certainement pour quelque chose dans sa profonde transformation.
Il alla donc dès le lendemain assister à une réunion et ce qu’il entendit le plongea dans un profond combat intérieur pendant plusieurs jours. Il comprit en effet aussitôt que Dieu ne voulait pas seulement le sauver mais qu’il lui demandait aussi de Le servir, ce qu’il ne pouvait accepter. Il avait en effet de grandes ambitions qu’il ne voulait sacrifier tout d’un coup.
Dans la soirée du 29 avril 1920, alors qu’il était seul dans sa chambre et toujours assailli par le doute, sa première tentation fut de renoncer à croire en Jésus et à devenir chrétien, mais, d’un autre côté, il lui était difficile de renoncer au salut. Il se mit à genoux mais aucun mot ne lui venait à l’esprit pour prier. C’est alors que soudainement, il vit tous ses péchés et que, pour la première fois, il comprit qu’il était pécheur. Il eut également une vision du Christ en croix qui l’accueillait en lui disant : « Je suis là qui t’attends ».
Submergé par tant d’amour, il ne put le rejeter et il décida de croire en Lui comme Sauveur et Seigneur. Comme il le dit lui-même, « Alors que d’habitude je riais de ceux qui croyaient au Seigneur, ce soir- là je ne pus rire ».
MINISTÈRE
Dès 1922, Nee ainsi que d'autres étudiants (y compris sa mère) qui avaient un zèle commun pour la diffusion de l'Évangile parmi les jeunes de la ville, se réunissaient pour prier et étudier la Bible. Ils organisaient leurs propres réunions et ont fini par se lancer dans l’évangélisation de rue, chantant en frappant sur un gong et portant des chasubles sur lesquelles ils avaient inscrits des slogans comme « Dieu a tant aimé le monde ».
Nee a joué un rôle déterminant dans le réveil spirituel parmi les étudiants à cette époque.
Malgré le succès manifeste de ce groupe, Watchman Nee s’en désolidarisa au bout de deux années de fonctionnement à cause d’un conflit d’idées et par velléité d’indépendance.
En 1928, Nee changea son nom en Watchman, qui veut aussi dire, "le gardien qui veille dans la nuit sombre du péché" et s'installa à Shanghai.
Nee éprouvait alors un profond dédain pour les églises confessionnelles de cette époque. Dans son magazine Revival, il a exprimé que l'église, dans l’état dans lequel elle se trouvait à son époque, entravait le dessein de Dieu. Ce constat avait d’ailleurs nourri le conflit qui le sépara du groupe d’évangélisation dans lequel il avait oeuvré à ses débuts. Selon Nee, de nombreux ministères qui s’étaient constitués « pour le Seigneur », « au nom de Dieu », « pour le royaume de Dieu » et « pour l'Église du Christ » avaient pour fondement des motivations charnelles.
« Les gens ne recherchent pas la volonté de Dieu mais veulent accomplir leur propre volonté », disait-il. Il cherchait « une réponse au problème des divisions confessionnelles dans l’Église, chose qui selon lui, perdait les nouveaux convertis ». L’Église de Chine se caractérisait en effet, par ses différences sectaires dont les groupes qui s’y développaient ne contribuaient qu’à sa division, selon L’évangéliste Nee.
Dans sa lutte pour trouver des réponses, Watchman Nee revint à « la simple obéissance au Nouveau Testament » comme le suggèrent les écrits de John Nelson Darby et CA Coated.
Il défendait le point de vue selon lequel, les églises de Chine devaient être autonomes, se suffire à elles-mêmes pour mieux se propager. C'est à cette époque que Nee installa la première assemblée indépendante sur Hardoon Road à Shanghai. Il fut le principal conférencier lors de la première conférence de Shanghai de ce nouveau mouvement, qui fut plus tard connu sous le nom de "Petit Troupeau".
VIE PRIVÉE
Watchman Nee resta seul jusqu'en 1934 puis, à 30 ans, épousa la fille du pasteur Chang Chuen-kuan, Charity Chang, qu'il connut à son adolescence et dont il était amoureux. Ayant cependant décidé de consacrer sa vie à Dieu, il s'en éloigna dans un premier temps car elle n'était pas convertie. Dix ans plus tard, il la retrouva, convertie au Seigneur, et l'épousa. Elle fut pour lui, non seulement une épouse mais encore une collaboratrice efficace et zélée partageant avec lui la même vison du ministère.
PERSÉCUTION ET MORT
À l’arrivée des communistes au pouvoir, Watchman Nee, conduit par sa foi et sa volonté de poursuivre son œuvre d’évangélisation, préféra rester en Chine alors qu’il savait les risques qu’il encourait. Il était cependant prêt à tout sacrifier pour Dieu.
En février 1950 il se trouvait à Hong-Kong avec le frère Witness Lee qui lui conseilla à plusieurs reprises de ne pas retourner en Chine, mais Watchman Nee lui répondit : « Bien que je n’ignore pas que mon retour est lourd de danger, je sais aussi que beaucoup de frères et de sœurs sont toujours à l'intérieur. Comment oserais-je ne pas y retourner ?
Watchman Nee fut arrêté par les communistes chinois en mars 1952 en raison de sa foi mais surtout de son influence considérable au sein des églises chrétiennes. Il fut condamné en 1956 à cinquante années d’emprisonnement et seule son épouse fut autorisée à lui rendre visite pendant sa détention.
Il décéda la 30 mai 1972 en prison et son corps fut incinéré le 1er juin. Ses cendres furent remis à sa famille ainsi qu’un petit papier qui avait été découvert sous son oreiller et sur lequel il avait griffonné d’une main tremblante : « Christ est le fils de Dieu qui est mort pour le rachat des pécheurs et est ressuscité le troisième jour. C'est la plus grande vérité dans l'univers. Je meurs en raison de ma croyance en Christ. Watchman Nee ».
Tout au long de sa vie, Watchman Nee fut un évangéliste et un conférencier, mais aussi un auteur prolifique. Il écrit de très nombreux traités évangéliques, des cantiques, des études sur certains livres de la Bible et de nombreux articles qui paraissaient dans des journaux chrétiens comme Revival, The Présent Testimony, The Christian, etc ; ces écrits vont du simple tract d'évangélisation à l'étude doctrinale en passant par les études bibliques et d'édification.
De cette vie riche et pleinement consacrée à Dieu, nous retenons de cet illustre général du Seigneur un modèle de foi engagée refusant toute compromission, de détermination et de courage à poursuivre l’œuvre de Dieu même dans l’adversité la plus féroce. Par sa vie et sa mort à cause de sa foi en Jésus-Christ, Watchman Nee nous encourage nous aussi à mourir à nous-même au quotidien pour faire la volonté de Dieu et à persévérer dans ce à quoi nous sommes appelés.
Crédit recherches: Charlène Parent
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